Vendredi 26/03 2021
« Les distances de l’autre : du virtuel au distanciel. »
L’épidémie actuelle de coronavirus, implique pour chacun d’entre nous l’obligation de « garder ses distances », de limiter nos contacts, de mettre en place des « gestes barrière », et de se présenter à l’autre masqué ou par écran interposé quand on ne peut faire autrement que de le rencontrer.
À vrai dire, l’épidémie n’a fait que souligner un mouvement général qui s’est fortement accentué il y a déjà plusieurs décennies, à la suite de l’impulsion donnée par le monde numérique. L’émergence de ce que l’on appelle « le virtuel » a eu pour conséquence ce que j’appelle « l’élision progressive du corps ». Du corps, dans ce qu’il a de lourd, d’incommode, de gênant ou même de honteux. Ce fantasme de disparition du corps toujours concomitant d’un absolu désir de le maitriser, n’est pas non plus nouveau, mais les circonstances actuelles en renouvellent la forme, sans toutefois masquer ce qu’il dissimule : une toute puissance de la pensée qui se traduit de façon triviale par le débridement haineux de la parole au sein des réseaux sociaux. C’est à ce point que nous touchons à l’éternel problème de l’altérité et à la difficulté que nous avons à la tolérer et à la supporter.